La racine

Le projet Murmures est né au fil de l’eau, de manière intuitive et spontanée, au cours d’un processus de dépouillement et de reconnexion à ma propre nature sensible. Un an et demi après sa création, retour sur ma démarche qui s’est affinée.

A travers mes photographies, je cherche à donner naissance aux sensations physiques qu’on éprouve dans la nature et aux émotions qui leur sont liées. Evoquer. Ressentir. Pour cela ma recherche porte sur les textures, sur les couleurs, sur le mouvement, sur la lumière. J’ai besoin à la fois du contexte et du détail. Il m’importe que le spectateur puisse reconnaître l’élément, percevoir son mouvement spécifique, sa dynamique et en même temps que la photographie permette de contacter sa grâce, à travers un moment suspendu ou un détail. Ce sont souvent des moments où les éléments se croisent et s’entremêlent, montrant leurs qualités, leur magie, autant leurs spécificités que leur complémentarité. J’explore par exemple différents mouvements de l’eau et sa réceptivité au soleil et au vent. Mes photographies ne sont pas abstraites, elles ne sont pas non plus figuratives, descriptives. Ce n’est pas le paysage qui m’intéresse, mais le caractère de l’élément, révélé par la magie d’un instant. Je ne compose pas mes photos à l’avance, je laisse les lieux m’offrir des moments qui me touchent.

Le papier muséum Fine Art permet non seulement une profondeur de l’image mais aussi des couleurs vives qui changent avec la lumière aux différents moments de la journée. Ce papier permet de rendre mes images vivantes.

L’alu Dibond donne de la présence aux images, une force qui permet aux tableaux d’émaner une vibration dans une pièce.

Je propose des photographies plein cadre, fenêtres vers l’extérieur, la nature, le monde. Ouverture à plus vaste que nous. Invitation à contacter, plus en profondeur, les qualités des différents éléments. Pour en citer quelques-unes la réceptivité de l’eau et sa sensibilité, la stabilité et l’ouverture de la terre, la créativité du bois et sa nature cyclique, la puissance et la chaleur du feu, la légèreté et la clarté de l’air. Les éléments sont en chacun de nous et en chaque lieu dans une alchimie spécifique. S’y relier dans nos intérieurs est un chemin vers une écoute plus fine de soi, émergence d’autres facettes de notre unicité, parfois enfouies.

Encore plus simplement je propose d’amener dans nos intérieurs ce référentiel de beauté, d’expansion, de liberté, d’amour qu’offre l’univers – qui crée des paysages magnifiques, qui apporte l’air, l’eau, le feu nécessaires à la vie, le soutien de la terre, etc. A chaque instant, il est possible de choisir de se relier à ce flux, choisir d’apprécier qui nous sommes, ce que nous avons – non pas pour se persuader que tout est parfait – mais comme seule racine possible pour conduire au bonheur et à la liberté, comme socle du déploiement de tous les possibles.

Contacter cet état de RIEN, de VIDE dont parlent toutes les spiritualités. Voilà comme le décrit Benjamin Hoff dans le Tao de Winnie, avec humour et simplicité « Quel est le Grand Secret, la clé ouvrant la porte de la sagesse, du bonheur et de la vérité ? Quelle est cette chose magique et mystérieuse ? C’est RIEN. Pour le taoïste, Rien est quelque chose. Un esprit Vide est précieux pour trouver des perles, des queues et d’autres choses car il peut discerner ce qui est devant lui. Un esprit Encombré ne le peut pas. Plus l’esprit est encombré, moins il peut écouter et regarder par lui-même. (…) Considérons le Vide en général quelques instants. Qu’est-ce qui rend une peinture de paysage taoïste si rafraichissante à tant de personnes différentes ? C’est le Vide, l’espace que rien n’emplit. Qu’est-ce qui nous plaît dans la neige fraiche, le grand air et l’eau pure ? Ou dans la belle musique ? Comme le disait Claude Debussy : « la musique est l’espace entre les notes ».

Mon intention est de donner le goût de ce vide, à travers mes photographies, à travers une simplicité de contenu et de traitement. Je ne cherche pas une abstraction conceptuelle mais un rendu le plus brut possible, tout en conservant la poésie du langage photographique, parfaitement adapté au langage symbolique de la nature, de l’univers. Au lieu de chercher à créer de l’effet, il est plus juste, pour moi, que l’intensité émerge de l’essence. Une essence ancrée dans la matière, nourrie de l’imaginaire contenu dans le regard unique de chacun de nous.

Cette première exposition à la Galerie des Beaux-Arts à Montpellier m’a permis de rencontrer un public sensible à mon projet, sensible à la qualité vibratoire de mes photographies. Quelle joie d’échanger sur ce plan des ressentis, à l’écoute des murmures du coeur. Je souhaite que ce projet puisse se déployer et toucher encore plus de personnes, pour contribuer à un monde qui renoue avec la beauté du Vivant. Avec simplicité et évidence.

Nadia